Qui dit Fin d’année, dit best of. Le Sirop se plie à la tradition. Décembre, c’est le temps des bilans, des nouveaux objectifs. Stratégie, tactique, vision long terme et plan d’actions, quels sont les meilleurs livres pour accompagner les entrepreneurs dans cette démarche ?
Réfléchir, on a deux options. Penser stratégie ou réfléchir tactique, le quoi et le comment. Commençons par prendre de la hauteur.
J’ai tout de suite pensé au livre de Greg Mc Keown, l’essentialisme. Ce livre est une invitation à transformer les « je dois » en « je décide ». Car pour lui, les choses qui comptent vraiment sont très rares. Pour l’essentialiste, presque tout est accessoire.
L’auteur aime la posture du monteur de film, il élimine mots, images, détails qui détournent l’attention de l’essentiel. Il voit ce qui est important. Améliorer les choses signifie ôter quelque chose plutôt qu’ajouter.
Poser des limites devient une libération. « A quoi devez vous renoncer » se traduit par « à quoi avez-vous envie de vous consacrer ?
Vous l’avez compris. L’auteur invite donc à distinguer le superflu de l’essentiel et ensuite de l’écarter. L’essentialisme n’est pas seulement une pratique, un ensemble de techniques. C’est une façon de vivre, d’agir, de penser.
Vos objectifs doivent être clair, s’ils sont flous, c’est la perte de temps assurée. Pour les définir précisément, l’auteur propose de déterminer votre intention essentielle.
Ce n’est ni un objectif trimestriel, ni un énoncé de valeurs, ni une mission générale, vague. C’est une stratégie concrète et inspirante. Elle est chargée de sens et mesurable. La combinaison des deux ! Parfois, on est trop dans l’un ou dans l’autre.
Alors, concrètement, comment faire ? En vous posant une question ! La voici : comment allez-vous savoir que vous avez réussi ? Si votre intention est concrète, vous tenez la réponse !
Identifier l’essentiel, écarter le superflu, Cela semble simple. Pourtant, cela demande de courage. Cela reste compliqué d’abandonner un projet, une idée, une offre, une stratégie…
Il est difficile d’admettre que les couts que vous avez engagés ne sont pas récupérables, alors, vous ne prenez pas de décision, vous n’abandonnez pas la partie et continuez même à investir.
Vous avez déjà tant donné, vous vous dites que si vous poursuivez vos efforts, vous allez y arriver, vous avez du mal à admettre vos erreurs.
Alors, comment faire ? L’auteur vous propose deux questions
Si vous n’étiez pas engagé dans ce projet, que seriez vous prêt à lui consacrer aujourd’hui ?
Que pourriez vous faire du temps, de l’argent qu’il vous reste si vous arrêtiez maintenant ?
Il y a un second auteur dont j’aimerai vous parler. Mark Manson a écrit L’art subtil de s’en foutre. Il a aussi décidé de dire stop !
A quoi ? Au règne de la pensée positive, une course au bonheur illusoire. Elle met en avant ce que vous n’êtes pas, ce qui vous manque, qui vous devriez être.
L’art subtil de s’en foutre, c’est vous mobiliser pour ce qui compte vraiment, ce qui est vrai, immédiat, important à vos yeux. Bref, retenir ce qui est vital pour vous, en fonction de vos valeurs personnelles.
Le message de l’auteur ?
Ne fuyez pas les difficultés, les peurs. L’auteur parle de la loi de l’effort inversé.
Le fait de vouloir obtenir quelque chose, de chercher continuellement le bonheur ne fait que renforcer votre sentiment de manque.
L’aspiration à vivre des expériences plus positives est en soi une expérience négative. Tout ce qui vaut la peine s’obtient en acceptant l’expérience négative associée.
L’auteur vous souhaite une vie pleine de bons problèmes dans lesquels il vous invite à vous plonger. Le bonheur est le produit d’une résolution d’un problème qui vous tient à cœur.
A la question de savoir ce qui vous ferait plaisir dans la vie, demandez-vous quelle souffrance êtes-vous prêt à endurer.
Et maintenant, retour à votre quotidien. Agir, c’est faire un premier petit pas. .
Mais, entre nous, il ressemble à quoi. Comment le connecter avec votre mission intentionnelle, avec votre problème le plus important ?
La réponse vous la trouverez dans un autre livre : The One Thing de Jay Papasan et Gay Keller. Les deux auteurs vous invitent à user, à abuser de la question déterminante.
La voici !
Quelle est la chose essentielle que vous pouvez faire aujourd’hui qui vous permettrait de rendre tout le reste plus facile ou inutile ?
Cette question va devenir une habitude. Vous enchaînerez, alors, les bonnes priorités, c’est l’effet domino. Le premier petit pas, c’est trouver l’action levier, celle qui donnera l’impulsion qui va créer ensuite les réactions en chaine.
Penser l’essentiel n’empêche pas de voir grand, au contraire disent les deux auteurs. Car pour répondre à cette question déterminante, vous avez trois possibilités.
Une réponse faisable, c’est une tâche de plus, rien de nouveau, l confort assuré. Une réponse limite, c’est déjà mieux, un peu plus exigeant aussi ! Vous êtes à la limite de vos capacités actuelles. C’est la base. Puis, il y a les réponses qui reflètent les possibles, les préférés des auteurs.
Alors, concrètement, comment utiliser cette question déterminante pour faire le grand écart entre demain et aujourd’hui ?
Vous avez déterminé votre but final, votre but ultime. Vous allez le décliner en buts intermédiaires avec un focus la chose essentielle à réaliser et trouver ainsi le premier pas à faire aujourd’hui.
Voici le mode d’emploi des auteurs.
Projetez-vous d’ici 5 ans. Vous avez déterminé votre but ultime, quelle est la chose essentielle que vous pouvez faire d’ici 5 ans ?
Poursuivez le compte à rebours. En fonction de votre but d’ici 5 ans, quelle est la chose essentielle que vous pouvez faire d’ici un an ?
Continuez et passez maintenant à un horizon encore plus proche. En fonction de votre but d’ici un an, quelle est la chose essentielle que vous pouvez faire ce mois- ci ?
Déclinez maintenant à la semaine et à la journée. En fonction de votre but de ce mois-ci, quelle est la chose essentielle que vous pouvez faire cette semaine, et finalement aujourd’hui ?
Vous venez de passer de votre rêve à la réalité. A partir de votre but ultime, vous avez défini une cascade de priorités en fonction du temps (5 ans, 1 ans, 1 mois, une journée).
Revenons aux petits pas, il est temps de vous parler d’un quatrième auteur. James Clear vous invite à arrêter de penser aux exploits. Le succès vient des micro-changements quotidiens. Il a analysé leur impact dans son livre "‘Un rien peut tout changer ».
La raison ? Les intérêts composés. Si vous pouvez vous améliorer de 1 % chaque jour pendant un an, vous aurez alors multiplié par 37 votre situation initiale. L’impact de vos habitudes sur le long terme est démultiplié quand on les répète. Le succès est donc le fruit d’amélioration quotidienne.
Bon, vous avez comme moi constaté la lenteur de ce processus. Vous faites des changements, vous ne voyez rien changer, vous décidez d’arrêter. Il y a un seuil critique à atteindre, il faut passer la vallée de la déception.
Comment tenir ces habitudes ? James Clear identifie 4 lois pour créer de meilleures habitudes. En un mot, rendez vos habitudes évidentes, irrésistibles, faciles et satisfaisante.
Concrètement, comment faire ? Voici un exemple pour chaque loi, vous en trouver d’autres résumées dans l’épisode du Sirop consacré à son livre.
Associer une habitude à un lieu, un moment permet de rendre celle-ci évidente.
Vous pouvez aussi l’associer à une action que vous aimez, que vous devez faire. L’habitude devient irrésistible.
Pour la rendre facile, plutôt que de surmonter les difficultés, essayez de les réduire. Et puis, commencez doucement. Trouvez d’abord une habitude passerelle, une minute de pratique, c’est mieux que rien du tout.
Les trois premières lois augmentent les chances qu’un comportement soit appliqué, la quatrième augmente les chances qu’il soit respecté.
Les habitudes doivent procurer une satisfaction immédiate. Cela nous pousse à réitérer un comportement. Ce qui est valorisé est répété, nous dit l’auteur. Vous allez rajouter une touche de plaisir aux habitudes qui rapportent à long terme, une touche de contrainte aux habitudes qui ne rapportent rien.
Vous avez maintenant quelques pistes pour déterminer ce qui est important pour vous et aussi comment passer à l’action au quotidien.
D’autres attitudes gagnantes reviennent régulièrement dans les ouvrages décortiqués dans le Sirop. Je vous en parle maintenant !
Derrière ces objectifs, ces premiers petits pas, ces nouvelles habitudes, il y a donc des décisions à prendre. J’avais aussi envie de vous reparler de l’ouvrage d’Olivier Sibony.
Le livre s’ouvre sur un constat : nous prenons tous de mauvaises décisions. Ces erreurs dont nous n’avons pas conscience portent un nom. Ce sont les biais cognitifs, des écarts réguliers par rapport aux choix dit rationnels.
Les biais cognitifs sont indispensables. Ces raccourcis sont un moyen puissant, rapide et efficace de prendre la plupart de nos décisions en nous fondant sur notre expérience, notre instinct. Ils sont utiles, ils conduisent, aussi, parfois à des erreurs sévères et systématiques.
Prenons deux exemples, deux biais que j’ai retrouvé expliqué dans les différents livres. Le biais de confirmation, on voit ce qu’on s’attend à voir. Le biais de désirabilité, on voit ce qu’on veut voir.
J’ai aussi envie de vous reparler de l’intuition. Elle s’invite parfois dans ces exercices sur ce qui compte, sur la définition de vos objectifs. Alors, qu’en dit le spécialiste des biais cognitifs ?
Elle est de bon conseil dans certains cas, dans d’autres situations, il faut plutôt d’en méfier. Pour l’auteur, ni l’urgence, ni l’importance de la décision rendent pertinent le recours à l’intuition.
Quelles sont ces situations où l’intuition est bonne conseillère ? Quand l’environnement est régulier. Quand vous avez rencontré des situations suffisamment nombreuses. Quand cette pratique durable vous a permis de tirer des feed backs, des enseignements, d’apprendre.
Quand ces conditions ne sont pas remplies, vous surestimez la pertinence de votre expérience et votre capacité à extrapoler à partir de celle-ci.
Choisir, c’est aussi apprendre à dire non à tout ce qui ne concerne pas votre essentiel.
Greg Mc Keown, dans l’essentialisme, insiste sur le pouvoir que vous laissez à ceux qui vous entourent. Si vous n’établissez pas vos priorités, quelqu’un d’autre le fera pour vous.
Alors, comment dire non fermement et poliment ? plusieurs techniques sont décrites dans le livre. J’ai retenu deux choses !
Apprendre à dire un oui lentement ! L’auteur rappelle aussi qu’il ne faut pas confondre la demande et la relation que vous avez avec la personne qui la formule.
Enfin, il y a un mot qui revient en toile de fond dans plusieurs ouvrages. Il s’agit du doute.
Revenons à Mark Manson. Dans son ouvrage, il parle des valeurs personnelles.
Elles traduisent ce que vous cherchez : le bonheur à long terme ou une version court terme superficielle.
L’art subtil de s’en foutre, c’est vous concentrer sur qui compte, c’est adopter des valeurs qui ne sont pas les plus répandues. Elles demandent de vous confronter à vos problèmes, elles sont inconfortables.
L’auteur a identifié 5 valeurs parmi lesquelles l’incertitude. Vous êtes ignorant, vous le savez, et vous cultivez le doute permanent par rapport à vos croyances. Faites-vous moins confiance, dit Mark Manson !
Mark Manson propose trois questions, une invitation à cultiver le doute.
Question n ° 1 : Et si j’avais tort ?
Question n ° 2 : Et si tel était le cas, Qu’est-ce que cela voudrait dire ?
Question n ° 3 : Le fait d’avoir tort créerait-il un problème meilleur ou pire que votre problème actuel, pour vous et les autres ?
Le doute est au centre du dernier ouvrage d’Adam Grant le pouvoir de la pensée flexible. L’auteur estime que vous devriez passer autant de temps à revoir vos idées qu’à les concevoir.
Penser en scientifique, c’est cultiver ardemment l’ouverture d’esprit dit encore Adam Grant.
Il décrit le cycle de renouvellement de la pensée. Cela démarre par l’humilité intellectuelle. On sait qu’on ne sait pas. Le reconnaitre ouvre la porte au doute, la seconde étape.
Vous allez alors questionner votre compréhension actuelle des choses et cela vous rend curieux, précise l’auteur. Cela débouche sur de nouvelles découvertes, qui renvoie à l’humilité en mettant en lumière tout ce qui vous reste à apprendre.
Alors, comment vous remettre en question ? Voici deux pistes concrètes.
Cherchez des informations contraires à vos idées. J’aime me poser cette question « qu’est-ce que je n’ai pas voulu voir ». J’échappe ainsi aux filtres des biais décrits un peu plus tôt dans cet épisode. Vous vous obligez à vous intéresser aux informations qui peuvent vous déplaire.
Voici une seconde attitude intéressante. Et lorsqu’une opinion, une conviction émergent, vous pouvez vous demander ce qui vous ferait changer d’avis.
Prendre de meilleures décisions, apprendre à dire non, cultiver le doute, vous n’êtes jamais seul dans ces situations. Il est temps de nous intéresser aux autres !
Etre bien entouré, Adam Grant considère que cela participe à la remise en question de vos convictions.
Cet auteur parle de l’importance d’avoir un réseau de mise au défi. Ce sont des gens désagréables et généreux, l’auteur les décrit ainsi.
Ce sont des personnes qui vont identifier les points faibles et vont aider à les surmonter. Ils disent ce qu’ils pensent, ils ont pour ambition d’améliorer les choses et non de renforcer leur égo. Vous vous sentez soutenus, encouragés.
Changer d’habitudes, James Clear parle aussi de l’importance de l’entourage.
Les nouvelles habitudes sont réalistes quand vous voyez d’autres personnes les appliquer tous les jours.
Souvent, quand on ne sait pas comment agir, on se tourne souvent vers le groupe pour guider notre comportement. Enfin, on imite souvent les habitudes de ceux que nous estimons efficace, de ceux qui forcent l’adhésion, le respect des autres.
Alors, qui voulez-vous devenir et qui sont les personnes qui doivent être proches de vous ?
Tout parler ici de changement, de faire autrement. Ecoutons à nouveau James Clear, le spécialiste des micro changements, des habitudes qui durent. L’auteur vous donne deux conseils supplémentaires.
Il vous invite à vous concentrer sur les moyens, pas sur les objectifs. Ces derniers sont nécessaires, ce sont les résultats à atteindre, ils définissent un cap. Les moyens sont eux les processus qui y mènent. Ce sont les outils pour progresser.
Etre focus sur le résultat procure un changement temporaire. Vous concentrer sur les moyens, c’est l’amélioration pour de bon ! Quand vous appréciez plus le processus que le résultat, vous n’avez pas attendre pour être satisfait. Vous l’êtes chaque fois qu’un moyen fonctionne.
Voici le dernier conseil de ce best of !
James Clear parle de trois niveaux de changement. Le premier concerne les résultats, ce sont les objectifs. Ce que vous obtenez. Le second, ce sont les procédés, les moyens. Ce sont vos actions. Enfin, le troisième concerne le changement d’identité. Ici, vous modifiez vos croyances, votre vision du monde.
Etre focus sur vos résultats, c’est être concentré sur ce que vous voulez atteindre, réaliser. Etre focus sur votre identité, c’est être concentré sur qui vous voulez devenir et cela fait toute la différence. Le véritable changement de comportement repose donc sur un changement d’identité.
Chaque action est un pas vers le type de personne que vous voulez devenir. Au fur et à mesure que les expériences s’accumulent, les preuves de cette nouvelle identité sont là. Vous vous faites confiance.
Alors, prendre de nouvelles habitudes, c’est commencer par décrire le type de personne que vous souhaitez devenir. Vos habitudes façonnent votre identité, votre identité façonne vos habitudes.
Ce best of 2021 est maintenant terminé. J’espère vous avoir donné envie d’écouter, de réécouter certains épisodes du Sirop.
Voici les liens pour accéder directement à ces épisodes précédents.
L’essentialisme de Greg Mc Kweon
L’art subtil de s’en foutre de Mark Manson
The one Thing de Jay Papasan et Gary Keller
Un rien peut tout changer de James Clear
Vous allez commettre une terrible erreur d’Olivier Sibony
Le pouvoir de la pensée flexible d’Adam Grant.
Rendez-vous en 2022 pour de nouveaux épisodes du Sirop.